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Design : Boulle à Chantilly, l’exposition événement

Il fut le maître ébéniste de Louis XIV et le symbole, à l’international, de la préciosité des décors associée au faste de Versailles. Le Français André Charles Boulle (1642-1732), qui a donné son nom à une célèbre école d’arts appliqués parisienne, se voit consacrer au château de Chantilly (Oise) une exposition événement, la première dans l’Hexagone. Elle se tient, jusqu’au 6 octobre, dans les Grands Appartements des princes de Condé qui, avec leurs boiseries, sont contemporains de quelques-unes des plus belles créations de cet artisan de génie.
Pour cette grande première, les curateurs ont pris moult précautions. La dernière exposition dédiée au maître ébéniste, en 2009, au Musée des arts décoratifs de Francfort (Allemagne), n’avait-elle pas fait scandale par le nombre de faux qui y étaient présentés ? « Les techniques ont évolué et de grands experts indépendants ont été consultés », assure le commissaire Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du Musée Condé.
Bibliothèques, consoles, coffrets, lustres… la cinquantaine de pièces prêtées a été passée au crible. « En plus d’enquêter sur la provenance des meubles, nous avons procédé à des analyses du bâti, à des comparaisons entre des décors de marqueterie ou de bronze, et entre ces pièces et les dessins ou gravures de l’époque », précise-t-il. Une méthode documentée dans le catalogue de l’exposition, qui a convoqué pas moins de vingt-deux auteurs, experts de tous horizons.
Dans les appartements en enfilade du château, l’exposition se présente sur un mode tout aussi pédagogique. « Le public doit saisir ce qu’est un vrai meuble Boulle, et la révolution qu’il représente », affirme Mathieu Deldicque. Au commencement est donc le dessin, première étape pour créer un meuble et convaincre d’éventuels clients. Dans l’antichambre sont réunis les gravures et les croquis à la sanguine ou à l’encre noire de Boulle, d’une rare virtuosité.
Initié au travail du bois dans l’atelier de son père – « menuisier en ébène » à Paris –, puis dans celui de l’ébéniste Jean Armand (vers 1600-1670), auprès duquel il se forme à la marqueterie, l’apprenti se distingue déjà par son coup de crayon.
Avant même d’être repéré par Colbert – Boulle sera nommé grâce à lui ébéniste du Roi-Soleil en 1672 –, le voilà qui collectionne les motifs de l’ornemaniste Jean Ier Bérain (1640-1711). Tous deux créeront la mode des enroulements végétaux, des masques grimaçants et des entrelacs dans les décors, anticipant le style rocaille de l’époque Louis XV.
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